Une collaboration internationale impliquant des chercheurs du Luxembourg Centre for Systems Biology (LCSB) de l'Université du Luxembourg a mis en évidence les liens entre réaction inflammatoire et certaines mutations génétiques chez les patients atteints de la maladie de Parkinson. Cette étude, récemment publiée dans la revue scientifique Brain, identifie deux biomarqueurs qui pourraient être utilisés pour évaluer le statut et la progression de la maladie. Les résultats suggèrent également qu’utiliser des médicaments anti-inflammatoires pour cibler le système immunitaire pourrait influencer l'évolution de la maladie, au moins chez une partie des patients.
Dans environ 15% des cas, la maladie de Parkinson est liée à une mutation génétique connue, parmi lesquelles les mutations au niveau des gènes Parkin et PINK1 sont les plus fréquentes. Étudier les mécanismes cellulaires affectés par ces mutations est donc crucial pour le développement de nouvelles approches thérapeutiques. Dans cette étude, les chercheurs ont analysé le sérum sanguin de 245 participants issus de deux cohortes indépendantes. Ils ont montré que les patients porteurs de mutations sur les gènes Parkin ou PINK1 ont un niveau élevé d'ADN mitochondrial et d'interleukine 6 (IL6) circulant dans le sérum.
Pris ensemble, ces résultats indiquent qu’une carence en protéine Parkin ou PINK1 – le résultat d’une mutation sur le gène correspondant – conduit à une mitophagie altérée. Ce dysfonctionnement dans la dégradation des mitochondries provoque la libération d'ADN mitochondrial et déclenche ainsi une réaction inflammatoire. Cette inflammation se traduit par l'élévation des niveaux d'interleukine 6 dans le sang. Lorsque l'interleukine atteint le cerveau, il est possible qu’elle joue un rôle dans le processus neurodégénératif. « Notre étude suggère qu’un traitement par des médicaments anti-inflammatoires pourrait permettre de ralentir l'évolution de la maladie de Parkinson, au moins chez les patients présentant des mutations sur les gènes Parkin ou PINK1 », explique le professeur Anne Grünewald, responsable du groupe Molecular and Functional Neurobiology au LCSB et l'un des deux auteurs principaux de l'étude.
En étudiant la différence entre les patients porteurs d’une mutation Parkin ou PINK1 sur un seul (hétérozygote) ou les deux chromosomes, les chercheurs ont également montré qu’un suivi de niveau de la réaction inflammatoire dans le sang pourrait être utilisée comme biomarqueur pour ces formes génétiques de la maladie de Parkinson. Alors que les patients présentant des mutations sur les deux chromosomes présentaient des niveaux élevés d'interleukine 6 par rapport aux patients hétérozygotes, ces derniers affichaient tout de même une augmentation significative par rapport aux témoins sains. « Cela nous indique que les mutations hétérozygotes constituent également un facteur de risque important pour la maladie de Parkinson », explique le professeur Grünewald. « Chez ces porteurs hétérozygotes, nous pourrions être en mesure de détecter la maladie à un stade précoce en surveillant le niveau d’interleukine dans le sérum, et cela même avant que les symptômes n'apparaissent. » De même, l'étude a montré que le niveau d'ADN mitochondrial circulant dans le sérum pourrait servir de marqueur de la progression de la maladie pour les porteurs hétérozygotes d’une mutation sur Parkin ou PINK1.
Le professeur Grünewald conclut : « Nos résultats ont une vraie valeur ajoutée pour le développement de nouvelles applications cliniques, qu'il s'agisse de biomarqueurs dans le sérum permettant d’évaluer la progression de la maladie, ou de nouvelles approches thérapeutiques ciblant la réponse immunitaire innée chez les patients atteints d’une forme génétique de la maladie associée à Parkin ou PINK1. »
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