Bien que la maladie de Parkinson ne soit généralement pas considérée comme héréditaire, elle a une origine exclusivement génétique pour environ 10 % des personnes touchées, soit quelque 650 000 individus dans le monde. Au cours des dernières années, des chercheurs du monde entier ont constitué une cohorte de personnes porteuses de mutations génétiques associées à la maladie de Parkinson. Ce groupe, baptisé « Michael J. Fox Foundation Global Genetic Parkinson's Disease Cohort », constitue une avancée majeure, notamment pour aller vers la médecine de précision.
« La lutte contre la maladie de Parkinson est internationale, » explique le professeur Rejko Krüger, coordinateur de NCER-PD. « Outre le fait que cette cohorte, à laquelle nous contribuons, fournit des ressources inestimables pour la recherche scientifique sur la maladie de Parkinson et de futurs essais cliniques, sa création encourage une collaboration accrue dans le domaine à l’échelle internationale. »
À propos de la maladie de Parkinson monogénique
Dans la plupart des cas, les causes de la maladie de Parkinson sont inconnues. Elle est alors appelée maladie de Parkinson idiopathique. Cependant dans de rares cas, la maladie peut être liée à une seule mutation génétique bien spécifique : on parle de maladie de Parkinson monogénique.
Au cours des 20 dernières années, plusieurs gènes associés à la forme monogénique de la maladie ont été identifiés. Bien que certaines mutations sur ces gènes entraînent un déclenchement plus précoce de la maladie, elles ne se manifestent pas par des symptômes spécifiques. Elles ne peuvent donc être détectées que via des tests génétiques qui ne sont généralement pas inclus dans les outils de diagnostics standards pour la maladie de Parkinson. Pour cette raison, il existe comparativement peu d'informations sur les personnes vivant avec des formes héréditaires de la maladie dans la littérature médicale. Avec l’arrivée dans un futur proche des premiers traitements permettant de cibler des mutations génétiques précises, les chercheurs vont avoir besoin d'une cohorte rassemblant des personnes porteuses de mutations associées à la maladie de Parkinson pour pouvoir faire progresser les essais cliniques et amener ces traitements sur le marché.
Les chiffres clés de la nouvelle cohorte
C’est pour répondre à ce besoin qu’un groupe de chercheurs dirigé par Eva-Juliane Vollstedt et Christine Klein de l'Université de Lübeck a constitué la « Michael J. Fox Foundation Global Genetic Parkinson's Disease Cohort », recueillant des données issues de centres de recherche dans 42 pays. Cet effort, qui implique de standardiser l’ensemble des informations collectées et de vérifier leur qualité, est soutenu par la Fondation Michael J. Fox pour la recherche sur la maladie de Parkinson.
Bien que la cohorte couvre des pays (en bleu) abritant environ 75 % de la population mondiale, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour mieux représenter certaines régions d'Afrique, d'Amérique centrale, d'Europe de l'Est et du Moyen-Orient.
Au total, 3888 participants porteurs d'une mutation génétique ont été inclus dans la cohorte, dont 3185 personnes diagnostiquées avec la maladie de Parkinson et 703 n’étant pas affectées. L'inclusion des participants non atteints par la maladie est cruciale, aidant les chercheurs à identifier de potentiels facteurs de protection qui empêchent la maladie de se développer malgré la présence d'une mutation génétique. Il s'agit de la plus grande étude se concentrant sur la forme monogénique de la maladie et offre un aperçu unique sur l'architecture génétique de la maladie de Parkinson. Cette cohorte comprend huit participants de l'Étude luxembourgeoise sur la maladie de Parkinson et aidera les chercheurs du monde entier à faire progresser la lutte contre la maladie.
Comment cette cohorte contribue à la recherche
La médecine de précision basée sur la stratification génétique est un domaine de recherche émergent. L’idée : tenir compte de l’existence de différents sous-groupes de patients, étudier ce qui les caractérise et adapter le traitement de la maladie de Parkinson en conséquence.
Alors que les premières phases d’essais cliniques dédiés à ces nouveaux types de traitement sont en cours, de grands groupes de personnes vivant avec des formes génétiques de la maladie vont être nécessaires pour poursuivre ces essais. À cet égard, cette nouvelle cohorte est particulièrement importante puisque la plupart des participants ont accepté d'être recontactés pour participer à de futurs travaux de recherche.
En plus de contribuer au développement de traitements pour les patients atteints d'une forme génétique de la maladie de Parkinson, l'étude de cette cohorte pourra également se révéler utile pour mieux traiter les cas sporadiques plus courants. « En étudiant les formes génétiques rares de la maladie, nous pouvons comprendre les mécanismes par lesquels des types spécifiques de la maladie se développent, » explique le professeur Krüger. « Nous pouvons ensuite identifier des médicaments ciblant ces mécanismes défectueux, qu’ils soient dus à une mutation génétique ou à un facteur environnemental. C’est ainsi qu’un traitement conçu pour une forme monogénique pourra au final profiter à des patients qui vivent avec la forme sporadique de la maladie de Parkinson », conclut-il.
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Faites avancer la recherche sur les maladies du cerveau !
Tout le monde peut contribuer à faire avancer la recherche sur les maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson. Si vous avez plus de 50 ans et que vous n’êtes pas atteint par la maladie de Parkinson ou de démence, vous pouvez participer à la nouvelle étude « Vieillir en bonne santé » en cliquant ici. N’hésitez pas à en parler autour de vous et à encourager vos amis et votre famille à remplir le questionnaire en ligne.
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Référence : Vollstedt, E. J., Schaake, S., Lohmann, K., Padmanabhan, S., Brice, A., Lesage, S., ... & Leite, M. A. A. Embracing monogenic Parkinson's disease : the MJFF Global Genetic PD cohort. Movement Disorders 2023, 38 (2), 286-303. https://doi.org/10.1002/mds.29288
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